maria loura estevão
marialouraestevao@free.fr
mercredi 30 novembre 2011
mercredi 16 novembre 2011
Domaine du château d'Avignon
http://www.culture-13.fr/domaine-du-chateau-d-avignon
http://www.culture-13.fr/domaine-du-chateau-d-avignon
"Le mouton de Maria" n'est pas un
agneau.
Entretien entre Agnès Barruol et
Maria Loura Estevão
Merci à Eric Corne pour sa complicité
A.B : Notre rencontre dans ton atelier à Paris a été très dense et
nous a donné le désir de t’inviter à participer à l’exposition, Si loin, si proche… Bêtes et hommes au
Château d’Avignon. Ton travail
d’artiste s’attache depuis plusieurs années à explorer une pratique que
l’ethnologue place à la croisée de l’intime avec les pratiques familiales et
culturelles et plus précisément autour de la nourriture et de l’animalité.
MLE : Ma recherche est liée à une réalité
quotidienne qui s’enracine dans mon enfance à Torrão, au Portugal. Maisons à
terrasses qui permettent de regarder au loin, et où à l'intérieur desquelles,
s’accumulent des plats décorés avec des images d’ailleurs et des tissus
brodés. Ce sont des objets du quotidien qui viennent des arts mineurs, que l’on
apporte du monde extérieur pour les disposer (ou exposer) dans la maison.
J’ai passé beaucoup de temps dans la cuisine,
lieu humble sans fausse modestie où trône la grande table, c’était mon espace
de prédilection. C’est là, où la transformation se fait, c’est aussi mon laboratoire
de réflexion. La sphère privée, la culture féminine traditionnelle (la
broderie, la cuisine...) sont des éléments récurrents de mon œuvre.
Mon rapport au monde tient compte de ce que
mon corps a éprouvé dans la culture familiale, de la déformation que la mémoire
fabrique quand elle est en exil involontaire. Avec ma pratique artistique,
j’explore des territoires de l’intime, de l’exil, de la quotidienneté avec
leurs transparences et opacités. Je
retiens des perceptions parfois contradictoires, tel face à un paysage avec
l’ubiquité du regard et ses distorsions. Mon œuvre traduit l’errance dans toute sa
solidité, je travaille les mythes, les archétypes, les imaginaires et force les
limites de l’apparition.
Me revient ce passage de Cristina Campo, Les cerfs enfermés dans un parc, offerts hagards et
pleins de grâce aux regards distraits, ne se demandent pas : pourquoi
avons-nous perdu la grande forêt et notre liberté, mais : pourquoi ne nous
chasse-t-on plus?
A.B. : Au mois de décembre 2010, tu es venue ensuite passer
plusieurs jours en Camargue. Comment au cours de ces quelques journées a pu
s’esquisser ton projet pour le château ?
Avec toi j’ai d’abord découvert le château et
sa décoration, puis j'ai visité la Camargue en compagnie de Bertrand Mazeirat,
amoureux du paysage et récemment arrivé dans le département. Il me parlait de
Buffalo Bill et des premiers Westerns créés par Joe Hamman ainsi que des
gardians, les cow-boys du delta. J'ai abordé ce « monde
sauvage » en voiture à partir d'Arles jusqu’aux aux
Saintes-Maries-de-la-Mer, en passant par la cité Solvay et les
Salins-de-Giraud. Rencontrer un paysage c’est se laisser-aller en lui, s’y
perdre et s’y retrouver, un parcours en soi et en dehors de soi fait d’impressions, de sensations et d’intuitions. Avec mon projet de mouton mérinos d’Arles dans la tête, je faisais ma
propre transhumance. Je collectais « dans ma laine » en
photographiant depuis la voiture les paysages traversés.
Me revient un souvenir d’enfance, du vivant de ma grand-mère, qui d’une
voix douce et autoritaire disait : "on ne peut pas manger le mouton
de Maria ". Cet animal, je lui donnais le biberon. J’ai changé son destin.
En le déplaçant de son territoire vers mon territoire de jeux, il est devenu
non-comestible !
Mon projet, « le mouton de Maria » pour l’exposition, Si loin, si proche… Bêtes et hommes au Château d’Avignon, symbolise
la rencontre, les échanges et mélanges des eaux douces du fleuve et des eaux
salées de la mer. J’ai choisi un mérinos d’Arles, croisement de l'ancienne race
du pays d'Arles, avec le mérinos d'Espagne qui a été importé à la fin du XVIIIe
siècle. Ce mouton a été très présent dans la Crau et la Camargue, des régions
qui ont accueilli au XIXe siècle beaucoup d’immigrants : des Italiens, des Grecs,
des Arméniens, des Indochinois. Ces questions de migration, d’immigration, de
cultures croisées, induisent et conduisent toujours mon oeuvre. Les marges,
l’inaperçue, le refus du sens littéral sont fondamentales pour moi. J’ai voulu
produire une œuvre avec le mouton car c’est aussi l’animal de toutes les
mythologies des civilisations méditerranéennes.
A.B. Au fil des mois, par
des écrits, des dessins, des mots, peu à peu ton projet s’est découvert et
s’est construit strate par strate, moment par moment. Ce processus de
travail est à l’image de ton installation sur la grande table de l’office des
domestiques…
Le paysage, le château, la table de l’office,
sur la table la nappe brodée et le « mouton de Maria », carcasse
comestible et projection vidéo… sont autant de strates d’éléments avec leurs
propres histoires où ma rêverie s’y mêle et s’y emmêle par superposition, par
capillarité, par enfleurage... À partir de la carcasse d'un mouton
mérinos, je moule chaque os en silicone alimentaire pour ensuite en tirer
une épreuve du squelette en pâte d'amande afin d’inviter le public à partager
et manger cette carcasse. Le squelette de mouton est posé à même la nappe.
La carcasse, répulsive au premier abord, contraste avec la pâte d'amande douce
et sucrée à la couleur diaphane, comme celle de la peau ou de la surface
de l'os. Nature morte ou « Still life » comestible, ici la douceur
sucrée de la pâte d’amande,
utilisée dans tout le bassin méditerranéen, est le support
privilégié de l'expression d'un imaginaire collectif, d'un rapport ironique à
la mort comme d'un rapport symbolique à la fête. La nappe délimite ici un territoire de projection et renvoie
à une étendue où à la fois, je projette et me projette. C’est aussi une base,
une fondation où j'imprime mes racines portugaises en choisissant d’y broder la
première strophe d’un poème d’Alberto Caeiro, un hétéronyme de Fernando Pessoa.
Le poète y apparaît comme un homme sage et sensualiste, détaché du monde, il
vit à la campagne au rythme de la nature. Riche d'une fraîcheur de regard, il
vit un constant équilibre entre stupeur et émerveillement. J'ai brodé le
premier vers au féminin, « je suis une gardeuse de troupeaux », et
par cette appropriation, avec le « point de chaîne » de la broderie, je me relie au poème.
A.B. Lorsque tu m’as montré les premières esquisses de tes dessins qui
vont entourer le mouton, j’ai pensé au décor d’un plat en céramique, au
bleu des Azulejos… Avec l’étude de Michel Pastoureau, on connaît l’histoire de
la couleur bleue qui est
associée au divin à partir du Moyen-Age et devient au fil des siècles la
couleur la plus appréciée en Occident.
Bleu outremer, prononcer ce mot fait déjà rêver, non ? Qu’il soit bleu
outremer, bleu faïence, ou bleu d’azulejos, il porte en lui la même référence
au voyage, à l'échange et à l'imaginaire. Du lapis lazuli au Moyen Age à
l'indigotier des Indes ou aujourd'hui au bleu d'un banal stylo bille cette
couleur en permanente métamorphose est toujours celle de notre quotidienneté.
Le monde est bleu comme une orange bien sûr, mais pas seulement...
A.B. Justement à l’aide de la vidéo, tu arrives autour des restes
de l’animal à créer le mouvement, la vie, il y a quelque chose de lancinant
dans cette rotation, ces tournoiements d’images et ces moments où la couleur se
mêle au blanc. Une intensité, de perte de repère qui me fait penser à un manège
de fête foraine…
En Camargue, par tours et détours je me suis
imprégnée des lieux, comme Francis Picabia, je préfère le voyage à la
destination. C’est une expérience physique avec une résonance universelle. Tout
tourne! Comme sur la grande roue, tour à tour je monte et descends
et découvre une nouvelle vision du monde, de nouveaux points de vue. C'est à ce
moment-là que commence à se projeter intérieurement la construction de toute
œuvre.
J'ai réalisé le film vidéo à partir de dessins
du paysage camarguais et du château.
Je me suis inspiré de la nature et des
paysages extérieurs pour créer des patrons graphiques que j'ai choisi de mettre
en relation avec des éléments de la décoration du château créés par les
ébénistes, tapissiers, ferronniers,….en les faisant se croiser, se mélanger
pour faire naître de nouveaux paysages, des espaces autres, sans hiérarchie de
temps et d’espace. Des sortes d’hétérotopies" pour reprendre un mot de
Michel Foucault. Les dessins tournent autour de la carcasse du mouton et le
cercle comme le marli d'un plat. Ils séduisent et d’hypnotisent, à travers eux
nous voyageons à la fois dans les mythes et dans l'histoire des sens.
Bon appétit !
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Installation 2011 au château d'Avignon |
Lavez et épilez le corps. Invitez-le à prendre une forme appétissante sur la table. Passez-le à l'huile d'olive jusqu'à obtenir une couleur lumineuse à point. Vous aurez préalablement taillé et donné forrme à vos tranches de pain de mie. Nappez-les d'algues, faites plusieurs lits si nécessaire.
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"naufrage sur table" 2011 performance nuit blanche -galerie Balak- |
FOOD & MOOD
Quelles sont nos habitudes liées à la préparation, la présentation et la dégustation des aliments ? Que révèlent-elles ? La résidence d’Axelle Rioult au centre social Saint-Exupéryd’Yvetot lui a permis d’appréhender le rapport humain à la nourriture. Pour cela, elle a travaillé en particulier avec le groupe de l’atelier cuisine, et d’autres activités initiées par le centre autour du repas. Ce travail photographique tente de soulever ces interrogations, et de porter un regard nouveau sur l’intimité qui nous lie à l’acte d’acheter, de cuisiner, de partager et de manger.
Ce qui nous unit aux aliments est une véritable relation que nous entretenons chacun à sa façon et qui va en effet au-delà de la question de la subsistance et des besoins de survie pour flirter avec le monde des sens, l’attirance, la séduction, la frustration, la satisfaction, le plaisir voire le dégoût.
Cette ambiguïté est bien présente dans l’oeuvre de Valérie Delarue : elle présente ses vanités comme un plat composé dressé sur une table. Ses céramiques mêlent des formes issues du corps et de la chair aux formes plus classiques de la nature morte et de la bonne chère, qui semblent donc ouvrir l’appétit ou le rejet…
« Dis-moi qui tu manges et je te dirai qui je suis » : voici un titre éloquent sur l’approche artistique de Maria Loura Estevão, qui montre dans son travail le lien fort qui se noue entre la nourriture et notre histoire familiale et culturelle, entre l’acte sacré de manger et notre rapport à l’autre.
Enfin, c’est en duo que La cellule (Becquemin&Sagot) met en scène les rites liés au repasavec humour et poésie dans des installations ou des sculptures décalées qui nou interrogent sur le monde de la consommation et les émotions qu’il génère. S.D.
GALERIE DUCHAMP CENTRE D’ART CONTEMPORAIN DE LA VILLE D’YVETOT
La galerie Duchamp bénéfi cie d’une convention Ville-État-Région. Les manifestations sont organisées avec le soutien de la Direction régionale des Affaires culturelles de Haute-Normandie (ministère de la Culture et de la Communication), de la Région Haute-Normandie et de la Ville d’Yvetot.
GALERIE DUCHAMP 7 RUE PERCÉE / BP 219 / 76190 YVETOT / Tél. 02 35 96 36 90 / Fax 02 32 70 44 71 / galerie.duchamp@gmail.com
www.galerie-duchamp.fr réalisation : L’ATELIER de communication / Impression : Imprimerie Microlynx / Dépôt légal : octobre 2011
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"mange-moi " Installation 2007 centre d'art Le Parvis |
Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées : le centre d'art
http://www.parvis.net/centredart.asp?DateDebut=&DateFin=&maRecherche=&maRechArtiste=48&maRechCat=0&maRechLieu=0&menu=&MM_Search=form1&Submit=Rechercher
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